- Statistiques -
Il
n’est pas excessif de rappeler, ici, que plus de deux millions et demi de
Français furent présents sur le territoire allemand durant tout le cours des
hostilités. Parmi lesquels :
« PRISONNIERS
DE GUERRE FRANÇAIS. Capturés :
1 845 000 [en 1939-40 (au
25-6-1940) : pris au combat : 2 650 000 ;
internés : 1 830 000 ; 1941/43 :
15 000]. À la suite des décès ou disparitions [51 000 dont
37 054 décès répertoriés (soit 3,7 % de l’effectif de 1945), des
libérations et évasions, ils n’étaient plus que 1 490 000 (fin 1940),
1 216 000 (en 1941), 1 109 000 (en 1942), 983 000 (en
1943), 956 101 (en juin 1944, dont 221 443 travailleurs libres). Ils
ont pu jusqu’en 1944 envoyer de l’argent en France et, à partir de juin 1942,
devenir travailleurs libres. Environ 5 000 épousèrent des Allemandes et
restèrent en Allemagne après 1945. Environ 80 000 s’évadèrent entre juin
1940 et nov. 1942, la plupart se réfugièrent en zone libre où, après
l’occupation de la zone libre (nov. 1942), ils furent soumis au même régime que
les hommes de leur classe d’âge.
Ce
chiffre se décomposait comme suit au mois de mars 1945 :
« Prisonniers : 950.000, dont 225.000
avaient été transformés en « travailleurs libres » ;
« Service du travail obligatoire (S.T.O.)[1] et déportés
travailleurs : environ 750.000.
« Déportés politiques et raciaux :
400.000, selon des approximations qui ne pourront être vérifiées qu’une fois
terminées les opérations actuelles de recensement des prisonniers et
déportés ;
« Alsaciens-Lorrains : nombre
indéterminé (on avance les chiffres de 300.000, 600.000, etc.), car les
Allemands ont soit incorporé dans la Wehrmacht, soit déporté en Allemagne les
habitants de ces deux provinces. »[2]
Selon un bilan établi au 17
novembre 1947 du secrétariat aux Anciens Combattants : « Prisonniers transférés en Allemagne :
1 580 000 ; rapatriés :
anciens combattants 59 359*, pères et soutiens de famille 18 731*,
service de santé 32 740, malades et blessés 183 381, militaires de
carrière libérés pour encadrement 1 422*, sauveteurs 232*, services rendus
81, spécialistes 14 490*, relève 90 747*, Alsaciens-Lorrains
7 681, Dieppois 1 580, administration publique 17 751 (dont,
semble-t-il, 10 000 libérés en France)*, veufs 123*, cas humanitaires 273,
récompense 8, cultivateurs 18 127*, cheminots 1 710*, ingénieurs
agronomes 381*, divers et indéterminés 81 076, mission de propagande
4. »[3]
Les nombres suivis d’un astérisque
(*) représentent les rapatriements dus à l’action de Vichy.
« TRAVAILLEURS EN ALLEMAGNE [4]. Volontaires : 1°) « désignés » : partis entre
automne 1940 et juin 1942 : 153 000. 2°) Autres : 34 652. Nombreux retours plus ou moins
licites avant juin 1942. Il en resta 43 000 en Allemagne. STO (Service du travail obligatoire) :
travailleurs partis avec la « relève » à partir de juin 1942 :
total cumulé 70 000 (été 1942), 240 000 (déc. 1942), 490 000
(mars 1943), 670 000 (août 1943), 723 000 (juillet 1944). Départs par périodes : du 1-6 au 31-12-1942 :
240 386 ; du 1-1 au
31-12-1943 : 456 000 ; du
1-1 au 30-05-1944 : 34 244. Relève :
conditions stipulées entre Laval et les nazis en juin 1942 : 3
travailleurs volontaires contre le retour de 1 prisonnier de guerre (chiffres
effectifs : 723 162 travailleurs entrés en Allemagne :
111 000 prisonniers et malades rapatriés ; 197 000 prisonniers
transformés en travailleurs libres).
Leur dénomination officielle est
« personnes contraintes au travail en pays ennemi »
(ou « occupées par l’ennemi »). Les anciens travailleurs en
Allemagne se sont vu refuser, le 13-2-1978, par la cour d’Appel de Paris le
droit de s’appeler « déportés du travail ». Les cours d’Appel de
Limoges (19-4-1990) et de Toulouse (29-11 et 4-12-1989) n’ayant pas interdit
cette dénomination ont vu leurs 3 arrêts cassés le 31-1-1992 par la Cour de
cassation. Le 19-11-1980, le groupe communiste avait déposé une proposition de
loi pour faire adopter la formule « victimes de la déportation du
travail » rappelant que 60 000 travailleurs forcés moururent en
Allemagne (dont 15 000 exécutés pour actes de résistance) ;
50 000 sont revenus tuberculeux. Entre 1945 et 1980, 25 % sont morts de divers handicaps. »
[1] Service du Travail
Obligatoire en Allemagne, créé par la loi du 16/02/1943 se référant à celle du
04/09/1942 sur l’utilisation et l’orientation de la main d’œuvre.
[2] « Le Monde Illustré » n° 4302
du 7 avril 1945, p. 3
[3] P.689, Quid
2001.
[4] P.689, Quid 2001.