Épilogue
& Avant-propos au tome 2
Dans
la confusion totale, le 49e R.I. reflue vers Saint-Dié et ses hommes
encerclés sont faits prisonniers le samedi, 22 juin 1940.
Le témoignage de Léon Noguéro, soldat vaincu, ne s’arrêtera pas à la fin de la campagne de France, le 25 juin 1940. L’annonce du 17 juin du maréchal Pétain comme quoi il envisage de demander l’armistice créée l’espoir de voir se terminer la guerre et de regagner au plus tôt son foyer. Hélas, la longue marche vers un camp de regroupement situé à Strasbourg se poursuivra tristement pour Léon Noguéro jusqu’à son internement au Stalag V-A en Allemagne le samedi 27 juillet 1940.
Il y connaîtra durant près de cinq interminables années le drame de la captivité, la privation, le sacrifice de sa jeunesse et la souffrance morale d’une « liberté conditionnelle » vécue au jour le jour. Au cours de toutes ces années, il sera amené à se déplacer dans le Nord de l’Allemagne pour y exécuter des travaux avec ses camarades de Kommando et améliorer, un tant soit peu, leur cadre de vie face aux conditions miséreuses rencontrées dans la majorité des Stalags.
Il sera amené à appliquer son savoir-faire professionnel
d’électricien dans le bâtiment, pour le compte de la Wehrmacht qui était impliquée
dans la gestion de cette main d’œuvre, mais aussi à partager le quotidien des
civils allemands et parfois même une intimité toute relative avec eux. Mais ce
récit extrêmement dense, cette autre histoire porteuse de sens pour tous ceux
qui cherchent à mieux comprendre la captivité des prisonniers de guerre
français pendant la Seconde Guerre mondiale, ne pouvait contenir en un seul
ouvrage.
Il était donc logique de donner une
suite à ce premier récit et de publier chez le même éditeur et dans la même
collection le second volume :
Prisonnier
de guerre en Allemagne
Récits de captivité (1940-1945)
Tome
2
L’Harmattan,
2017
ISBN : 978-2-343-11883-3
La
mémoire collective est riche de tous les souvenirs de ceux qui ont vécu ou
partagé les événements particuliers de cette période.
Est-il
souhaitable, comme certains l’affirment, qu’elle s’estompe ou qu’elle se borne à
reproduire un cliché un tant soit peu morne d’un passé révolu et parfois même
caricatural ?
Où doit-elle, entre mémoire indicible et
oubli, devenir pour les générations futures un gage d’assises empiriques
fondées sur la mémoire des hommes et une histoire somme toute révolue ?
Lors
d’un discours donné en 1985 [1] à
l’occasion du 40e Anniversaire du retour des prisonniers de guerre
et de la création de leur Fédération en 1945 (F.N.C.P.G. et C.A.T.M.) [2], M.
Georges Lepeltier, président de la Fédération nationale, souligna l’importance
de cette expérience extraordinaire et sans précédent ainsi que des leçons
tirées de cette captivité et qui doivent demeurer un témoignage accessible à
tous.
« C’est
donc cette union de tant de forces, de tant de sensibilités, de tant de cœurs
qui fait la richesse que notre rassemblement aujourd’hui symbolise. Alors,
allons à l’essentiel. L’essentiel, c’est ce qui a été en fin de compte l’enjeu
de notre combat d’il y a 45 et 40 ans. L’essentiel c’est qu’une certaine notion
de l’homme et de sa dignité, de sa dignité qui doit être honorée et servie en
tout homme quelle que soit la couleur de sa peau, quelle que soient ses
convictions, quelle que soit sa foi, quelle que soit sa condition sociale, quel
que soit son rang. La victoire remportée en 1945 ne débouchait pas et n’avait
pas à déboucher pour nous de ce que je ne sais quelles conquêtes territoriales.
C’était la victoire de la dignité d’homme contre tous les fanatismes. Il ne
faut donc pas que nous laissions reparaître dans la vie de chaque jour de notre
Société contemporaine trop de signes qui nous obligeraient à demander et à nous
demander s’il est tellement vrai, s’il demeure vrai que Hitler a perdu la
guerre.
« Nous avons connu, à nos côtés, dans le
combat pour la liberté et la dignité de l’homme, pour la justice, pour la
fraternité tant de camarades auxquels nous n’avons jamais demandé d’où ils
venaient, ce qu’ils pensaient. Nous avons su, depuis 40 ans, rassembler dans
nos rangs tant de concitoyens, de compagnons de misère dont les opinions ne
nous ont jamais préoccupés ; à propos desquels nous ne nous sommes jamais
demandé ce qu’ils pouvaient penser ! Au bout de cette fraternité, au long de
cette action commune se trouvent les gages essentiels de la liberté, de la
justice et de la solidarité. »
Le tome 2 « Prisonnier de guerre en Allemagne - Récits de captivité » se propose de réunir, sans raccourcis historiques, les faits les plus marquants qui se sont passés en France au fil des années de captivité vécues de l’autre côté du Rhin par Léon Noguéro.
Se penchant autant sur les mesures politiques du
gouvernement de Vichy que sur la réalité quotidienne, il se propose d’apporter
avec force de détails un éclairage permettant de mieux appréhender la vie du
prisonnier de guerre français en Allemagne et celle de ses concitoyens de
l’Hexagone.
Dans
les pages qui suivent (chapitre 25), en prêtant une attention toute particulière aux
problèmes liés au retour des prisonniers et rapatriés dans leur foyer, le
lecteur sera en mesure d’aborder la continuité de ce témoignage en toute connaissance
de cause.
[1] 13-14 Avril 1985,
salle des Ingénieurs civils, rue Blanche, Paris. Le Président de la République,
François Mitterrand, a tenu à témoigner son amitié et sa fidélité à la Fédération
en assistant au dîner qui clôturait le Conseil National.
[2] Fédération
Nationale des Combattants Prisonniers de Guerre et Combattants d’Algérie,
Tunisie, Maroc. http://www.fncpg-catm.org/